Les montagnes embrumées
Lors de notre arrivée tardive à Sapa, nous plongeons dans un décor mystique [ndlr c’est le mot que nous emploierons le plus souvent pour décrire l’ambiance brumeuse].
Nous n’en savons rien au moment où nous sommes témoins de ce qui s’avère être le Love market, une soirée où les jeunes des montagnes viennent draguer leurs compatriotes en dansant pieds nus sous des ombrelles de papier. Il fait à peine 12°C, il bruine, on s’est couverts de tous nos pulls et manteaux à disposition sur le dos pour ne pas geler et nous observons bouleversés des gamins danser pieds nus sur le bitume glacé. Finie la richesse et la modernité d’Hanoï, nous débarquons dans un monde reculé, à la limite de la Chine.
Soirée doudoune
Ifépacho dans cette contrée alors les plus carnivores d’entre nous se réchauffent en dégustant brochettes et bambou sticky rice, la spécialité locale. Franchement le riz gluant cuit dans le bambou est super bon : je suis ravie de cette découverte et regrette ne pas m’être resservie !
Le marché des minorités
Le lendemain, réveil matinal pour se rendre au marché des minorités que nous peinons à trouver. Une voiture électrique finit par nous y emmener pour 1,50€ : le marché se trouve à 2km du centre-ville. Papa & Maman y découvrent la rude condition de conservation des aliments, ainsi que ce à quoi ressemble un pauvre toutou dépilé sur l’étal des viandes… Honnêtement, ça a coupé l’appétit de tout le monde et déguster les bánh hạt dẻ, ces gâteaux à la châtaigne typiques de Sapa, s’est avéré bien difficile après cette douloureuse rencontre.
Nous découvrons les tenues traditionnelles colorées des minorités et échappons de justesse à l’envie d’un petit-déjeuner local (comprenez un phô d’abats…) que souhaite Tristan. Force de la majorité à 3 contre 1 : pour une fois j’ai réussi à négocier le café-gâteau matinal !
Notre coup de coeur
Il est l’heure de vous présenter notre personne coup de cœur du Vietnam : Su (prononcé Sou). Cette petite bonne femme de 29 ans fait partie de l’ethnie des Black Hmong, une minorité des montagnes très présente dans la région de Sapa, et sera notre guide ces deux prochains jours dans notre randonnée à travers les rizières en terrasse de sa région.
Et on l’a a-do-rée 
Le soleil n’était pas vraiment de la partie le premier jour pour les 15 kilomètres que nous avions à parcourir à travers les rizières gadouilleuses. Maman tenait la main de Su afin d’accélérer dans les montées et descentes tandis que nous suivions ce petit bout de femme d’1m30 en bottes en plastique avec peine.
Ce qu’on a bien aimé chez elle, c’est déjà son sens de l’humour à toute épreuve : pour vous dire, elle a rigolé aux blagues de papa…!
Mais en réalité ce sont surtout ses revendications féministes : au Vietnam, on a un peu l’impression que seules les femmes bossent tandis que les hommes fument leur bang… Et c’était impressionnant d’entendre Su expliquer son souhait de se sortir de sa condition coûte que coûte pour offrir une meilleure vie à ses enfants.
Mariée de son plein gré à 14 ans contre l’avis de ses parents, elle a aujourd’hui 4 enfants car elle attendait d’avoir un garçon, son 4ème, qu’elle a finalement eu. Chez les Hmong, c’est le fils qui s’occupe de ses parents âgés tandis que les filles partent s’installer dans leur belle-famille. Il est donc très important pour leurs vieux jours d’avoir un fils.
Ne sachant ni lire ni écrire, elle a passé 4 ans avec une copine guide pour apprendre l’anglais de manière phonétique : elle le parle à merveille mais est incapable de s’exprimer à l’écrit. Elle est certifiée guide depuis 12 ans et sait expliquer les particularités de sa culture, leurs coutumes, leur religion, leurs plantes, leur agriculture et leurs métiers artisanaux. Son mari lui ? Il ne parle pas un mot d’anglais car il est « timide » et travaille un peu dans les champs.
Plein de photos de la rando et des rizières sous la brume avec des randonneurs munis d’un bâton de bambou :
Les black hmong
Pourquoi ce nom de « black » ? Et bien tout simplement parce qu’ils s’habillent de vêtements noirs teintés à l’indigo, auxquels les femmes superposent de jolies jupes colorées.
On passe par des villages où travaillent les femmes (les femmes, toujours les femmes, bon dieu où sont les hommes…) où Su nous montre comment les Hmong travaillent la teinture à l’indigo. On aurait pu se teindre les mains en bleu nous dit-elle, mais la couleur tient une semaine et elle ne nous le fait finalement pas car elle préfère que nous continuions à utiliser l’appareil photo.
Soirée en famille HMONG
Après nos quinze kilomètres de randonnée-balade, nous passons la nuit dans la maison de Su.
C’est une maison traditionnelle des Hmong, s’entend sans fenêtres et sans cloisons : ça nous fait un peu bizarre. C’est sobre, très très sobre (certains diront pauvre) mais nous sommes merveilleusement bien reçus.
Il fait 17°C environ, on ne lâche pas nos doudounes dans cette maison toute ouverte sur l’extérieur (les murs absolument pas isolés sont faits de planche) et nous blottissons autour du feu de la cuisine en regardant Su et sa mère préparer le dîner. (Et le mari, il fait quoi ???)
Comme partout au Vietnam, leurs cuisines sont rudimentaires et consistent en un trou dans le sol pour faire du feu, un tuyau d’eau et des bassines pour faire la vaisselle. Pas de table, pas de vraies chaises, on s’assied sur des mini-tabourets en poids pour rouler les nems qu’on fait frire dans le wok sur le feu.
On dine avec toute la famille (la grand-mère, le mari, le frère…) alors que les enfants se préparent pour partir à l’école et à l’internat le lendemain. Nous sommes entrainés dans le rituel du Mot Hai Ba Yo ! à scander avant d’avaler un shot d’happy water… La mamie est celle qui fabrique ce vin de riz et nous en offre très généreusement : si on ne le boit pas quand elle chante la chanson, elle nous gronde et nous sert un autre verre ! On peut dire qu’à la fin de la soirée, on n’avait moins froid pour se glisser sous la couette de nos matelas installés sur la mezzanine !
Le matin au petit déjeuner, c’est phô et Bánh cuốn, des raviolis vapeurs aux champignons, au menu. Gloups.
Trek jour 2
Et c’est reparti sur les routes de Sapa pour 10 kilomètres aujourd’hui. Le ciel s’éclaire et nous voyons enfin les montagnes qui nous entourent. C’était donc ça qu’il fallait voir ! C’est magnifique, on se régale dans ces sublimes paysages.
On fait la rencontre de nombreuses villageoises (des femmes, des filles, qu’elles, partout !!!) qui souhaitent nous vendre des babioles, et qu’on achète parfois.
Su nous confectionne un cœur en fougère que je vous invite à reproduire car c’est une excellente idée et facile à faire ! Voici les coulisses d’une photo posée :
La fin du trek approche, les gambettes ont chauffé et le soleil commence à beaucoup taper. Avant de se quitter, nous interviewons Su pour lui monter une vidéo promotionnelle. Autant en profiter maintenant que je sais monter des vidéos !
Nous sommes tristes : nous devons laisser Su récupérer ses prochains touristes et la quittons après qu’elle nous ait offert un joli foulard typiquement Hmong.
Dernière photo -taille réelle- pour immortaliser ces 48h passées en sa compagnie que nous avons énormément appréciée.
Quelle femme forte et pleine de volonté !
Quel exemple de courage !
La suite des aventures
Sapa, c’est fini, on en repart avec plein de souvenirs grâce à notre merveilleuse rencontre avec Su et montons à bord du Fansipan Express pour rentrer à Hanoï dans la nuit et poursuivre les découvertes vietnamiennes !
Récit des deux jours de trek à Sapa, Vietnam
Du 8 au 10 avril 2023
Numéro Whatsapp de Su Lo Thi (sait-on jamais) : +84 34 444 9775
