En partant de France, nous ne savions pas que nous visiterions le Cambodge. Après deux semaines passées dans le pays, nous n’avons qu’une envie : y retourner !
Premières impressions
En changeant de pays, nous sommes frappés par les différences notables que nous observons déjà dans la capitale Phnom Penh :
- Les tuk-tuks sont là ! Ils nous permettent de déplacer nos valises facilement car au Vietnam, on le fait en scooter et c’est une toute autre aventure…
- Il n’y a que des français !!
- Ils ont des temples comme on peut en voir en Thaïlande et au Laos , alors qu’au Vietnam ce sont plutôt des pagodes
- Malheureusement, le tourisme sexuel est bien développé et les terrasses des restaurants sont bondées la journée de vieux retraités et d’hommes seuls, et on sait pourquoi… la nuit, les jeunes cambodgiennes sont légions aux entrées des bars.
- Ils font appel à nos compétences en calcul mental avec une double monnaie : le dollar pour les gros montants, le riel pour les petits. De quoi se faire des nœuds au cerveau.
- Et on découvre l’écriture khmère qu’on n’essaie même pas de déchiffrer : c’est beau mais c’est compliqué
Le marché de phnom penh
Bon, ici aussi le poisson est LA BASE de l’alimentation, étant donné que le Mekong est à deux pas, aka le deuxième fleuve le plus poissonneux du monde après l’Amazone. L’espèce locale la plus répandue est le Panga, qu’on commence à bien connaitre chez nous aussi en tant que poisson pas cher.
La ville a une superbe architecture coloniale comme je les adore, avec ses façades couleur soleil, ses balcons à colonnes et ses fenêtres à persiennes. Je rêve d’une maison comme celle-ci !
Les bêbêtes du Cambodge
Les khmers sont connus pour manger tout ce qui est comestible : serpents, crocodiles, tortues, tarentules, criquets et j’en passe… Ils n’ont aucune limite ! Chaque petit animal qui croise ma route est donc une cible potentielle que je regarde avec peine et compassion.
Nous rencontrons déjà la faune cambodgienne dans la capitale : on y croise des singes macaques qui font les poubelles et grimpent aux fils électriques, des chauve-souris suspendues par centaines à un arbre et des grands calaos, qui attendent qu’on leur tende des grains de raisins. Ces magnifiques oiseaux peuvent mesurer plus d’un mètre et peser jusqu’à 4 kilos. Ils ne sont pas farouches pour un sou, quoiqu’ils soient peu affamés et finissent par refuser les grains de raisins tendus, enfin gavés. On est ventilés par le souffle provoqué par leur bruyant envol avec leurs immenses ailes.
Ce n’est pas peu dire que je suis surexcitée de cette rencontre extraordinaire et de cette si rare proximité avec de tels oiseaux. Quelle chance nous avons !!
Le Wat Phnom, ou le temple de la colline
Les moines en robe safran observent la salle centrale du Wat Phnom, temple historique érigé en 1372 et perché en haut d’une colline de 27 mètres.
Des lions protègent l’entrée du temple, et nous surveillent enlever nos chaussures avant d’entrer.
Fin de la rigolade
Nous ne pouvions pas ne pas visiter Tuol Sleng, la tristement célèbre prison des Khmers Rouges.
Petit rappel historique :
Le Cambodge a vécu un terrible génocide de 1975 à 1979 sous le régime des Khmers rouges dirigé par Pol Pot. En quatre années, 20% de la population a été décimée par exécution, travail forcé et inanition, ce qui représente plus de 2 millions de personnes. C’est un véritable traumatisme pour le pays.
Tristan & moi n’en savions rien.
Comme pour Hitler, élu volontairement par un peuple allemand qui souffrait de pauvreté et de faim suite au Traité de Versailles, les cambodgiens ont eux aussi volontairement soutenu leur parti ultranationaliste et communiste pour mettre fin au bombardement américain qu’ils subissaient depuis dix ans. Pays limitrophe du Vietnam, le Cambodge était en effet la base arrière des combattants vietnamiens dans le cadre de la guerre du Vietnam. Les américains ont donc largué des milliers de bombes sur le Cambodge pour éliminer la guerilla vietnamienne à partir de 1965, sur un pays pourtant neutre, ce qui constitue un crime de guerre.
Le Cambodge est ainsi devenu le pays le plus bombardé de l’histoire, recevant sur son petit territoire autant de tonnes de bombes que ce qu’a reçu l’Europe entière pendant toute la Seconde guerre mondiale. (Ils ont craqué les américains)
Arrivés au pouvoir pour chasser les américains et les vietnamiens de leur pays, les Khmers rouges ont rapidement instauré un régime de mort au Cambodge en exécutant toutes les personnes proches de l’ancien gouvernement, leurs familles, puis ensuite les intellectuels comme les enseignants, les médecins, les moines… Pour eux, toutes les personnes éduquées étaient occidentalisées (= des espions de la CIA) et devaient donc être détruites. Ne serait-ce que porter des lunettes pouvait vous mener à la fosse commune.
Pour éliminer leurs « ennemis », les Khmers rouges ont transformé à Phnom Penh un ancien lycée en prison et bureau de sécurité, nommé S-21.
Aujourd’hui transformé en musée, les murs n’ont pas bougé en 50 ans : les lits de ferraille dans les salles de torture sont toujours là, ainsi que les barbelés devant les fenêtres et les cellules maladroitement construites qui retenaient prisonniers des innocents dans les anciennes salles de classe.
La devise des khmers rouges « Mieux vaut tuer un innocent que de laisser vivre un coupable ». En gros, en cas de doute, c’est l’assassinat sans raison.
12 000 personnes sont passées par S-21 et seules 7 personnes en sont sorties vivantes.
Nous n’avons pas pris beaucoup de photos car nous n’avions pas la tête à ça, et que nous préférons respecter les lieux et la mémoire des victimes. C’est un lycée tout bête, qui ressemblerait aux nôtres, comme Marie Curie à Pignan, avec 4 bâtiments en béton et des salles de classe successives, utilisées comme lieux de torture. Aujourd’hui les photos des milliers de victimes sont exposées dans les salles. Ce ne sont que de jeunes personnes qui ont été torturées et assassinées, parfois des enfants. Nous voyons peu de photos de personnes de plus de 50 ans.
Nous écoutons pendant trois heures l’audioguide nous raconter toute l’horreur du régime des Khmers rouges. J’ai lu quelque part que pour nous, étrangers à ce bout d’histoire, cela parait incompréhensible qu’un parti politique du pays assassine son propre peuple sans raison, sans distinction d’âge, de religion, de sexe, d’origine. Effectivement, je n’arrive toujours pas à comprendre.
Les vietnamiens ont finalement libéré le Cambodge des Khmers rouges en 1979. Le génocide des Khmers rouges n’est enseigné dans le pays que depuis 1994.
Nous sommes étonnés d’avoir si peu entendu parler dans nos livres d’histoire de cette horreur si récente. Nous en découvrons toute l’ampleur en errant à Tuol Sleng, et respectons d’autant plus toutes les personnes de plus de 50 ans qui ont survécu à cette période sombre.
Je vous conseille de voir :
- D’abord ils ont tué mon père : film sur Netflix adapté de l’autobiographie du même nom, qui a reçu le Golden Globe du Meilleur film en langue étrangère en 2018. Récit poignant à travers les yeux d’une enfant khmère.
- Le temps des aveux : adaptation de l’autobiographie de François Bizot, Le Portail. Cet ethnologue français a eu une chance monstrueuse…
La vidéo du weekend à Phnom Penh
Du 17 au 19 février 2023