Joyeux Noël
Célébrant seuls à l’autre bout du monde les fêtes de Noël, nous nous offrons une croisière aux îles du parc national Komodo pour 3 jours et 2 nuits (de mémoire, environ 150€/personne, in extremis avant la forte hausse du prix d’entrée du parc en 2023), connue dans le monde entier pour ses fameux varans de Komodo, des reptiles qui ne se trouvent que sur quelques îles du bout du monde. Nous atterrissons à Labuan Bajo à Flores, une île musulmane d’Indonésie. Cela nous change de Bali, de ses temples et ses cérémonies hindouistes. Ici sonne le muezzin et le voile recouvre les cheveux féminins.
Nous embarquons à bord de L’Alcira, un bateau en bois pourvu de 4 cabines dirigé par Captain Komodo, une agence pilotée par un français : nous logeons, pour raison budgétaire, dans une cabine de 4 couchettes avec un autre couple de français. Au total, nous sommes une petite vingtaine sur le bateau, équipage compris. Deux copines anglaises, un couple d’américains, un vieux cubain, un australien biberonné à la bière, et l’autre couple de français constituent les touristes à bord.
Et nous voilà partis pour trois jours exceptionnels à naviguer dans les eaux claires de l’archipel de Komodo.
J’adore notre bateau en bois et surtout le pont supérieur sur lequel trainent des matelas et des bancs pour lézarder pendant la nav’. On mange comme des dieux sur ce bateau, avec des plats cuisinés maison servis par dizaines au centre de la table. L’équipage ne mange pas avec nous, seuls les touristes s’attablent et nous nous servons dans les plats communs. Tout est délicieux, très végé-friendly et il y a de telles quantités qu’une quelconque bataille pour la nourriture s’avère inutile.
Kelor island et pulau stroberi
Nous faisons étape à l’île de Kelor pour admirer le point de vue sur l’archipel de Komodo depuis le haut d’une colline.
Nous sommes nombreux à être partis en croisière à la même heure de Labuan Bajo car le temps n’avait pas permis aux bateaux de prendre la mer ces derniers jours : l’ascension au point de vue est donc plutôt encombrée, et sous un soleil ardent.
Mais c’est que nous sommes chanceux, car en cette fin décembre 2022, nous nous approchons sérieusement de la saison des pluies et donc de la fin des croisières en bateau.
Après une petite ascension en tongs (c’est dire la difficulté), nous pouvons admirer les îlots verdoyants qui jaillissent de l’eau multicolore. Le sable est blanc et l’eau aux abords des roches est d’une transparence limpide.
Nous passons notre journée le masque sur les yeux et le tuba dans la bouche, à admirer les fonds marins d’une richesse innommable : poissons-clowns, tortues, bancs de poissons de toutes les couleurs, coraux incroyables… L’eau n’est pas très très chaude pour y rester longtemps sans combinaison (aka moins de 28°C) alors je sors fréquemment me réchauffer sur la plage de sable blanc. La vie est dure…
En fin de journée, nous mouillons l’encre aux abords de Pulau Stroberi, « pulau » signifiant « île » en bahasa et « stroberi » étant issu de l’anglais strawberry bien nommé compte tenu de la couleur rouge de la roche. C’est magnifique, loin de tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent dans le monde, bien que ce soit dans la même veine que l’ocre du Lubéron et la ruffe du Salagou. Mais la roche est coupante et l’escalade en tongs est un exercice périlleux sur Pulau Stroberi !
pirates de flores
A la nuit tombée, nous assistons à un vol d’innombrables chauve-souris en face de l’île de Kalong. C’est sur cette île recouverte de mangroves que vivent des milliers de flying foxes, des « renards volants » en VF. Ces créatures immenses qui se dessinent sur un ciel d’orage s’envolent toutes au crépuscule en quête de leur diner. Et c’est magique : je me croirais dans Pirates des Caraïbes à observer ces bêtes des cavernes survoler nos bateaux au bruit des mats qui claquent, dans l’air chaud des tropiques indonésiennes.
Quelle chance nous avons d’être là …
Course contre le soleil
Le lendemain matin aux aurores, alors que la nuit est encore bien présente et que les lumières des bateaux éclairent à peine la surface de l’eau, nous nous rendons sur l’île de Padar, la troisième plus grande île du parc national de Komodo. Je ne suis pas ravie de me lever de si bonne heure (~5h) alors que mon plaisir suprême est de dormir sur un bateau qui tangue, mais on n’est pas à Komodo tous les jours alors je me rattraperai plus tard.
La renommée de Pulau Padar vient de ses baies de trois couleurs différentes : une plage blanc nacrée, une plage noire anthracite et une plage de sable rose pastel ; plages que l’on peut observer ci-dessous au soleil levant.
Nous grimpons aussi vite que possible pour atteindre le sommet avant que le soleil ne nous rattrape. On observe ses premiers rayons atteindre les trois baies avant de redescendre rapidement sous un soleil de plomb.
Ensuite, c’est l’étape tant attendue mais dont nous étions prévenus qu’elle était peut-être la plus décevante : l’île de Komodo où l’on peut observer les fameux dragons de Komodo.
Effectivement, on fait un petit tour de 45 minutes à pied pour tenter de les voir dans leur « milieu naturel », sans succès, et finissons par revenir sur la plage où ils restent généralement là à attendre d’être nourris par les gardes et les touristes…
Tout le monde est sur ses gardes et prudence est de mise car les Dragons de Komodo peuvent être agressifs s’ils se sentent menacés. Rapides et féroces, leurs morsures entrainent souvent des complications car leurs dents sont infestées de bactéries et les attaques génèrent de lourdes infections à leurs proies, parfois fatales si non traitées.
Cependant les spécimens que l’on observe ont plutôt l’air léthargique… et comme prévenu, nous sommes un peu déçus de ces gros monstres endormis. Jusqu’à ce qu’on s’éloigne vers les boutiques et restaurants où un jeune varan cherche vaillamment de la nourriture et se fait chasser à coups de balai. Celui-là nous faisait un peu peur car il galopait à toute vitesse pour dérober les repas des touristes attablés, sans garde alentour pour le contrôler !
La plongée la plus spectaculaire
Nous nous rendons au bien nommé Manta Point, un lieu perdu au milieu de la mer, loin de toutes terres, où viennent se nettoyer d’immenses raies manta qui peuvent avoir une envergure de 9 mètres.
C’est juste IMPRESSIONNANT.
Nous nageons au-dessus d’elles munis de palmes et tubas, et nous plongeons autant que possible pour s’en approcher selon les capacités en apnée de chacun. Une quinzaine de gigantesques manta évoluent à une dizaine de mètres en-dessous de nous car elles viennent ici pour être nettoyées par des petits poissons qui logent dans le sable.
Le spectacle est incroyable. Je gèle dans l’eau, j’insiste un peu trop sur l’apnée et le plongeon en profondeur jusqu’à me faire saigner du nez, mais je persiste à rester les observer car c’est une expérience que je n’aurais jamais pensé vivre.
Evidemment, nous n’avons pas de photos car nous n’avons pas d’appareil waterproof, mais je mets une photo publicitaire représentative de l’expérience (mais nous n’avions à mon grand malheur pas de combi) :
Franchement, le clou du spectacle de notre croisière à Komodo.
Retour à Labuan Bajo
Après trois jours passés en mer, il est temps de retourner sur la terre ferme à Labuan Bajo. C’est avec un gros pincement au cœur que nous quittons le navire. On reste attablés en terrasse à observer la mer, les bateaux et le ciel chargé de nuages pour nous remettre de nos émotions de ces derniers jours.
L’heure est à la planification. Que faisons-nous après ça ?
Notre visa indonésien expire dans une petite semaine, nous avons un vol prévu pour retourner à Denpasar mais la saison des pluies se fait de plus en plus présente… On a envie de se sentir un peu chez nous et décidons après deux heures d’intense brainstorming de se louer un bel appartement à Ho Chi Minh (Sud Vietnam car c’est là où la météo en janvier est la plus clémente) pendant un mois pour bien travailler en ce début d’année 2023.
On se prépare donc mentalement à quitter l’Indonésie, ces petites îles, ces villes du tiers monde (jonchées de plastique), sa vie douce au soleil et ses pluies diluviennes.
Notre apprentissage du Bahasa aura eu ses limites, mais les indonésiens sont d’une gentillesse absolue et nous n’avons qu’une envie : revenir en Indonésie pour découvrir plus en profondeur les îles moins accessibles de l’archipel. C’est frustrant de se limiter à la touristique Bali, mais avec le télétravail nous sommes limités dans nos mouvements.
Nous reviendrons j’en suis sûre parcourir Flores, Lombok, Sulawesi, Java, Sumatra… qui, rien qu’à écrire leurs noms, me donnent envie de réserver mon billet d’avion sur le champ.
L’Indonésie est un pays extraordinaire, aux milles facettes, qui mérite d’y rester des années de sa vie !