Ha Giang Loop, c'est quoi ?
Souvent mentionné sur les blogs de motards comme LE roadtrip à faire au Vietnam, il s’agit d’une boucle (« loop » en anglais) de 400 kilomètres à travers les montagnes du nord, peuplées par de nombreuses minorités ethniques comme les H’mông et les Tày.
Et les blogs n’ont pas tort : la balade vaut VRAIMENT le détour.
Même si on a eu quelques frayeurs !!
Les voyages forment la jeunesse
La boucle d’Ha Giang s’est révélée surprenante à plus d’un titre : pendant les 5 jours de voyage, nous avons accumulé les surprises et les galères. Des incompréhensions, des chutes, des arrestations… Accrochez-vous bien.
1ère fois où a frôlé la mort
On aurait pu s’en douter rien qu’au nom du transport que l’on réserve pour faire la route entre Hanoi et Ha Giang avec la compagnie de minivans « Epic Travel ».
La promesse a été tenue, le voyage fut épique. Le chauffeur s’est lancé dans une course contre la montre pour parcourir les 300 bornes qui séparent les deux villes en roulant comme un barbare. Fred et Yoann installés en hauteur n’ont pas raté une miette de cette performance digne d’une course de formule 1. Citation de Yoann : « C’était méga stylé si on mettait de côté le fait qu’on pouvait mourir à tout moment ».
Et zé partiiiiii !
On arrive à Ha Giang de nuit, entiers mais après quelques suées.
Mais je stresse encore : j’ai lu de nombreux témoignages de touristes disant que dernièrement, suite aux deux touristes morts sur la boucle, les loueurs de scooter sont très à cheval sur le fait d’avoir son permis moto international et que les contrôles de police sont super fréquents avec amende et arrêt du véhicule. Ce qui, vous le comprendrez, compromettrait grandement la semaine de vacances… Evidemment dans notre team, personne n’a le permis international avec le tampon moto. On croise les doigts, on joue à ceux qui ne comprennent pas et réussissons à louer deux bolides (16€ par jour) sur lesquels on harnache nos affaires.
Tristan redécouvre la conduite d’une moto manuelle : les débuts sont un peu chaotiques, nos casques se cognent à plusieurs reprises lors des passages de vitesse plus ou moins fluides, tandis que Fred prend connaissance des compétences de pilote de Yoann qui aime un peu trop la vitesse… Des passagers SEREINS
jour 1 : Hà giang - Mậu Duệ ~115 km
Soulagés d’avoir réussi à passer le barrage de police (grâce à des policiers trop occupés à scroller sur leur smartphone pour travailler), nous nous arrêtons au bout de quelques kilomètres pour prendre un café salvateur. Fred & Yo diront que nous nous arrêtons tout le temps… Mais « ce qui compte c’est pas l’arrivée c’est la quête » disait un grand poète !
Ce qu’on pensait être un café s’avère plutôt être la maison (maison étant un bien grand mot pour qualifier un hangar de tôles où traine un matelas à terre) d’un papy bourré. Il nous parle longuement en vietnamien et, alors qu’on a voulu commander un ca phê sua da, il nous sert une dosette de Nescafé en poudre en nous tendant la bouilloire. Pour fuir une discussion à sens unique et une boisson imbuvable, les gars se lancent dans une partie de plumfoot, le jeu préféré des vietnamiens.
A mon grand regret, les gars sont bien meilleurs que moi qui n’ai jamais joué au foot. Le jeu consiste à se faire un maximum de passes au pied/genou pour éviter que le volant, qui ressemble à celui du badminton, ne touche le sol. Les plus forts des joueurs (aka : pas moi) tentent de renvoyer la balle avec des passes très techniques et complexes. Les vietnamiens raffolent de ce jeu et dès lors que nous sortons le volant, tout le monde rapplique. Le meilleur ice-breaker !
Quand ça ne sert à rien d'être sportif
Nous nous arrêtons pour visiter une grotte indiquée sur notre itinéraire. On ne savait cependant pas qu’il faudrait grimper la montagne pour atteindre la grotte…
Le plus sportif d’entre nous s’est fait un claquage aux cuisses en voulant faire le mariole à grimper les milliards de marche au pas de course.
Les trois autres, plus riches en cervelle qu’en muscles, ont su telle la tortue prendre le temps et rattraper le lièvre épuisé.
Le meilleur des cafés
On s’arrête dans un café qui surplombe la vallée pour admirer le panorama. La vue est saisissante, entre les cultures en terrasse et les crêtes dentelées des montagnes qui se laissent deviner dans le brouillard.
Le café servi sur un petit photophore est une excellente idée pour faire durer le plaisir. Nos stations de ski devraient s’en inspirer ! C’est l’heure des shooting photo avec un soleil mi-figue mi-raisin qui nous offre une diversité de paysages époustouflante.
Le chant des sirènes
Seulement munis d’une roadmap sur feuille de papier, il fallait s’en douter : nous nous sommes perdus. Fascinés par des drapeaux en guirlandes qui semblaient nous guider, on rate le bon embranchement au village de Yên Minh… et trouvons in extremis un motel où passer la nuit à défaut d’arriver dans le village étape initialement prévu.
Le quizz du serpent
Pour fêter notre première journée et célébrer le fait que nous ayons trouvé un logement malgré l’arrivée dans un village inattendu, nous lançons un jeu dont l’enjeu est débile et auquel je vais malheureusement perdre… Le jeu des devinettes.
2 013 kilomètres par la route
Tous les 120 jours
Il y a 54 ethnies au Vietnam.
Tout le monde a en tête la scène dans Les Bronzés font du Ski où ils mangent de la fougne en buvant de l’alcool de crapaud ? On a fait un remake vietnamien.
Dans l’idée, le jeu était intelligent, mais la punition du perdant est sans commune mesure : goûter au jus de serpent Tout le monde s’y est engagé en cas de défaite et je m’y colle donc malgré mon végétarianisme. Le serpent est noyé dans l’alcool et on ne sent rien d’autre que de l’alcool de riz, ce qui en soit pourrait rendre cette expérience intéressante, mais l’aspect psychologique est difficile à surmonter pour moi…
En plus on me fait croire (mensonge ou réalité ?) qu’on me sert un mélange d’alcool de serpent et de poulet, et là clairement ça ne passe plus du tout
Nous finissons notre première journée ravis des paysages traversés, des rencontres faites (coucou le papy bourré) et des étoiles plein les yeux pour les prochains jours à venir. Les pilotes sont désormais chauds du guidon, les difficultés de vitesse sont surmontées et les pneus chauffés. Parés pour la suite !
Oui j’ai modifié la première photo car Yoann ne regardait pas du bon côté
Faites comme si vous n’aviez rien vu !
Jour 2 : MẬU DUỆ - Đồng Văn ~100 KM
Les ethnies des montagnes
Au détour des virages et dans le brouillard froid de la montagne, nous rencontrons les ethnies montagnardes. Les femmes H’mông sont vêtues de jolies jupes colorées et tous ont les visages brûlés par le froid et le soleil. Les enfants, peu scolarisés, vendent des fleurs aux touristes le long de la route…
La pauvreté des gens d’ici se confirme aussi lorsqu’on les aperçoit dans leurs maisons de bois et travailler à toute heure dans les terrains à faible rendement difficilement terrassés dans la montagne, des enfants-singes accrochés sur leur dos sans aucun porte-bébé.
Le point de vue mythique de la boucle
Arrêt suivant (oui j’ai prévenu, il y en a eu beaucoup) : le spot le plus instagrammable de la boucle d’Ha Giang. Regardez moi ce lacet impeccable et ce point de vue parfait On essaie de nouveau de commander un café mais décidément, ce n’est toujours pas ça, on nous sert encore une atrocité tord-boyaux dont on ne rêvait absolument pas.
On a vu des biches égarées dans le brouillard :
Et des paysages spectaculaires.
La fête foraine
Fin d’après midi. Dong Van, à 20 kilomètres de l’objectif d’arrivée.
Fatigués, on s’arrête prendre un café sur la place du village animée et faire le topo de fin de journée. Finalement, flemme de continuer : on fait la tournée porte-à-porte des homestay autour de la place pour trouver où dormir, tels des voyageurs du 20ème siècle.
Du tofu sèche sur des nattes d’osier tandis que deux hommes jouent au xiangqi à l’ombre d’une maison de pierre. On se croirait arrivés dans une autre époque. Les Hmong sont fiers de porter le béret français, ce qui nous vaudra d’ailleurs l’occasion de boire de l’eau-de-vie avec la table d’à-côté au restaurant le soir : « Vous êtes français ?? Drink ! »
Le soir, c’est la fête au village : l’occasion d’apprendre à jouer à leurs jeux typiques comme lancer des sacs de graines dans un cerceau de feu ou danser la farandole sur une chanson dédiée à Ho Chi Minh.
On s’offre un massage des pieds qui s’avère ne pas être un massage que des pieds : les filles nous massent tous les quatre en rang d’oignons, du crâne aux orteils. Bien mérité après une journée à rouler !
Et à l’heure d’aller se coucher, surprise ! Le homestay où nous avons trouvé logis est en fait le bar de la place où se retrouvent les jeunes pour finir la soirée sur des rythmes endiablés… Bonne nuit malgré le bruit…!
Jour 3 : ĐỒNG VĂN - Du Già ~100km
Le début de la journée donne le ton : en longeant la falaise, au détour d’un virage, on aperçoit un camion tombé dans le vide dont la carcasse est en train d’être remontée par une grue…
Les belles routes de la veille sont devenues des pistes de terre sableuse.
Un peu après, un bout de falaise s’est effondré et bloque la route. Seuls les deux-roues peuvent passer tandis que les voitures, vans et camions s’entassent dans un interminable embouteillage. La visibilité est excellente, la route impeccable…
Même s’il y a aussi de jolis moments passés au-dessus des nuages ; et pas dedans, pour changer 😜
Mais vous conviendrez que toutes les conditions sont réunies pour…
La chute
Ni peur, ni mal, nous étions en fait presque à l’arrêt à patauger sur le scoot’ dans la gadoue mais les crampons des chaussures de Tristan ne nous ont pas empêchés de glisser et nous étaler lamentablement dans la boue.
C’est sur cette portion de route très compliquée que nous observerons tous les groupes d’Easy Riders s’entasser (dites le vite et ça donne les Zizi-riders, des hommes vietnamiens qui baladent les touristes en scoot’) et parfois aider Tristan que j’ai clairement lâchement abandonné dans sa galère.
Je marche deux kilomètres gadouilleuse tandis que Tristan se remet de ses aventures en apprenant la moto trial. Un peu plus bas, on réalise que ce sont deux pelleteuses qui ont dégueulassé la route sur plusieurs kilomètres, en trouant la montagne et bloquant l’accès pour les dizaines de scooters agglutinés. Je remonte sur ma bécane et on roule prudemment lorsque la route est « correcte » jusqu’à ce qu’on réalise que de la boue est coincée dans le garde-boue.
On n’est plus à ça près : nous voilà agenouillés dans la terre à creuser la boue de la roue avec nos ongles… jusqu’à ce qu’un viet vienne nous aider en mettant le scooter sur la béquille centrale pour faciliter la tâche. ERREUR DE DEBUTANTS !
On déjeune dans un restaurant pour se remettre de nos émotions et avons la merveilleuse surprise d’être attablés à côté d’un MEC QUI EST EN TRAIN D’EVISCERER UN CHIEN.
Ici, le chien, c’est du poulet………….
Fort-de-France
On s’arrête à un fort construit il y a fort fort longtemps (quel jeu de mot…) par les français, où des petites filles n’ont qu’un seul mot à la bouche « money money ! » et où on y cultive de drôles de plantes….
En réalité il s’agit probablement de chanvre.
Parfois, on traverse des villages entiers où l’on ne voit que des enfants, comme s’ils étaient les uniques habitants des lieux… un peu comme dans le film Les Enfants de Timpelbach !
Happy water
Pour nous remettre de nos nombreuses et fortes émotions de la journée, on passe la nuit dans un homestay rempli de jeunes avec qui on fait la teuf, en chaussons s’il vous plait. On apprend à boire des shots de happy water (Eau joyeuse, vous saisissez) en hurlant le dicton vietnamien « MOT HAY BA YO ! » traduit littéralement par « Un, deux, trois, bois ! » et ça finit en paquito-karaoké jusqu’à pas tard dans la nuit car demain, on the road again !
JOUR 4 : DU GIÀ - HA GIANG ~100KM
En attendant que notre linge nettoyé soit sec (couvert de boue, vous suivez ?), on se balade dans les rizières alentours avant d’aller au marché Hmong qu’on rencontre sur la route pour apprécier une dernière fois les tenues colorées des habitants qu’on croirait sortis d’un documentaire Arte.
La soudure improvisée
Alors qu’on croyait en avoir fini avec les galères, voilà que notre porte-bagage nous lâche…
Un vietnamien curieux qui passe par là comprend notre souci et embarque notre scooter : j’avoue que pendant 10 secondes j’ai eu peur qu’il s’en aille plus loin que prévu avec le scoot’… En fait, il nous emmène en toute honnêteté et sympathie chez son copain soudeur pour resouder ça en deux secondes tandis que 2 français sympas ont pitié de nous et nous aident à refaire notre paquetage.
Au Vietnam, tout problème est réglé en 4 minutes en moyenne.
La fin est proche
On prend nos dernières photos, c’est le dernier jour, les dernières heures, les derniers kilomètres, on a un petit pincement au cœur mais il faut bien que le plaisir s’arrête un jour hein !
Merci pour la balade les coupains !
Quand y'en a plus, y'en a encore
ET BIEN NON CE N’EST PAS FINI ! Alors qu’on parcourait nos derniers kilomètres avec déjà cette petite nostalgie de ces cinq formidables journées passées sur les routes vietnamiennes, l’impensable s’est produit.
Les gars se sont fait arrêter.
Tristan & moi avons pu échapper au contrôle de police grâce à l’intervention extrêmement bien jouée de Fredo pour leur cacher notre passage, le temps que l’on réalise qu’ils ne s’étaient pas volontairement arrêtés dans un café de bord de route mais qu’ils étaient victime du barrage de police à l’entrée de la ville… Tristan a appuyé sur le champignon pour éviter une double amende, et nous voilà à attendre deux heures que les deux zigotos amassent l’argent nécessaire pour payer les 60€ d’amende à la police et les 60€ d’amende au loueur…et qu’ils rentrent en taxi.
Heureusement que c’est arrivé à la fin !!
Pendant ce temps, moi je sauve les chiens du Vietnam pour éviter qu’ils passent au chalumeau (mon cœur saigne encore) et Yoann fait le mort. Sur un malentendu, ça peut passer ?